Humeurs géographiques
La série Humeurs géographiques est intégralement publiée sous forme de carnet 25x20cm, 60p, texte d'introduction, 25 photographies accompagnées de 24 poèmes. Edition limitée.
Vous pouvez le commander en me contactant à l'adresse mail jlbec@orange.fr ou par les messageries de FaceBook (compte Jean-Louis Bec) ou d'Instagram (compte @becjeanlouis).
La série Humeurs géographiques appartient au sixième groupe. Celui-ci traite des contacts qu'établissent les humains avec la Nature. L'objectif suivi est de retrouver des sensations premières un peu oubliées et de se replonger dans un bain de Nature synonyme d'essentiel. Réflexions et récits personnels se trouvent ainsi revisités à travers le filtre de la sérénité ou non que porte en soi le contact avec la Nature. Humeurs géographiques est né de la contemplation de divers paysages. Promeneur solitaire, on regarde, on marche parfois, on respire et on laisse venir une rêverie aux accents multiples.
Pour avoir plus de détails sur la démarche mise en oeuvre dans ce blog se reporter à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.
Humeurs géographiques (extraits du texte d'introduction et de la série photographique accompagnée de poèmes)
Extrait du texte d'introduction de la série
Montagnes, lacs, plaines, rivières, les paysages murmurent à l'oreille des paroles perçantes qui ricochent en nous, s'engouffrent, s'insinuent, suivent des trajectoires précises. Ce sont des stimulations qui ruissèlent, établissent des liens, réveillent et emboîtent des idées, des impressions, les dispersent, les soulèvent, les étirent.
Car les images, et avec elles toutes perceptions, appellent, demandent la concentration, provoquent en douceur une contemplation continue, profonde, qui creuse, creuse, trouve et prend toute la place ; naissance d'un nid à puissance constructive, d'un foyer de chaleur où se mêlent, en tournant les uns autour des autres, images et langage, visions et émotions. Une rencontre, une fusion. Le paysage dicte, raconte, s'exprime par les formes, les axes de la matière, les perspectives. Un ensemble de lignes de force que le langage suit, s'efforce de saisir, de déchiffrer, d'exprimer à son tour les codes découverts, tous ses moyens rassemblés, concentrés, liés dans une application, une volonté de justesse, de sensibilité qui se presse, se presse tel un fruit souhaitant donner le meilleur de lui-même.
Le paysage, l'esprit, rassemblés dans une même sphère, un univers d'échanges arcbouté sur des vues, des bouts de phrases, des sentiments, des humeurs, des sensations, des traits de caractère. Un perçu immédiat qui vole au devant de mots vite prêts à se montrer. Et peu à peu, l'être, ce creuset vibrant de sens, étend son corps, l'étend au paysage. Il récupère les matières, les paroles, les visions, leurs récits. Le puzzle s'assemble lentement dans un accord essentiel de mots et d'images.
Mais l'écoute, le déchiffrage, la traduction, n'en restent pas là...
(...)
Humeurs géographiques
L'étrangeté
regarde dans ton dos
l'insaisissable marche
alors marche avec lui
cette route file entre les bornes
déplace les montagnes coutumières
il est des soleils froids face auxquels tanguent les lignes droites
il est du vertigineux qui se glisse dans l'inconnu de soi
se loge dans les coins sombres et délaissés
de la pensée et de l'émotion mort-nées
où rien est le germe sûr de quelque chose
l'étrange construit là en s'accouchant lui-même
soulève l'être entier le roule le déroule
tente de suivre
malgré tes réponses aussitôt dévorées
tente la perte d'une chose l'équilibre d'une autre
parle-lui sans oublier
parle-toi pour ne pas oublier
l'étrange est l'aiguillon
le rappel de l'inconnu vivant qui pousse vraiment à vivre
Humeurs géographiques
La joie
un trait de mémoire me raccroche au ciel
l'onde surgit à plein poumon pour secouer la cage
l'éclaircissement des yeux allume l'infini
et l'élastique de chaque os
le saut de chaque mot
déroulent leurs pensées en roues libres
chocs étreintes bousculades caressantes
la densité de l'air se perd et vacille légère
sur les ailes frémissantes
sur les îles flottantes
pas sucrés intimement sacrés
toute la joie dans une foudre de grande traversée
Humeurs géographiques
La mémoire
les mains dehors en recherche de sphère
lorgnent d'une pulpe fébrile la coupole du crâne
géologie fantasque effleurée lentement
son écriture rampe de plein en délié
je marmonne des bosses tout en rêvant de creux
je creuse les sommets et ravale les pentes
la mémoire roule se dévide reprend
des instants endormis où sombrer corps et biens
des langues chatouilleuses vêtues de pur esprit
des bêtes taquinées par leurs germes de corne
les doigts en serpents
sifflent bien loin au delà de la tête
la chanson de l'abîme où s'embrase le temps
une fuite de route que l'on ne peut rejoindre
Humeurs géographiques
La curiosité
il y a toujours quelque chose derrière
le brouillard nous flatte et nous caresse
parle de son côté
écarte nos bras tendus
qui se faufilent par ses minces ouvertures
mais savoir vouloir savoir
il y a quelque chose derrière
alors remonter les pentes
la respiration poussée vers l'avant
tenter se laisser tenter
l'envie et le désir d'un peu plus loin d'un peu plus près
d'un peu plus vite aussi
et dans le fond en surface de l'éclaircissement hésitant
rassembler construire
l'appétit projeté dispense des liens neufs
il éprouve expérimente
une relecture à tâtons se dresse siffle puis se couche
il classe efface recommence en conserve des traces
recompose à coups de portes battantes