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Articles récents

Cantique quantique

7 Février 2018 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Cantique quantique

Haute-Marne, 07/2017.

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Hérault, 06/2012.

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Equus, l'esprit de corps

7 Juillet 2015 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Equus l'esprit de corps

La série Equus, l'esprit de corps appartient au quatrième groupe. Ce groupe aborde l'apparition symbolique et la nature de l'animal. Ainsi, en jouant sur la mise en avant des matières et des structures, se crée une dérive qui partant de la robe des chevaux, du poil, du crin, aboutit à leurs traits, leurs expressions, tout en passant par la présence et la découverte du corps.

Pour avoir plus de détails sur la démarche mise en oeuvre dans ce blog se reporter à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.

Equus, l'esprit de corps (extraits du texte et de la série photographique)

 

C'est l'indépendance des doigts qui se révèle avec le plus de force. Dans une exploration que chacun d'eux mène presque seul, volontairement détaché des autres. Chacun se faufile parmi le crin, creuse, noue, approche le tendre de la peau et gratte, caresse, explore le doux et le rêche des matières, un point après l'autre, avec une application joueuse jamais épuisée. La main, toute en vrac, se glisse et se love dans le chaud des crinières, fouille le gîte tel un museau désordonné, cherche de tous ses membres étirés. S'il lui arrive de se fermer, repliée sur sa douceur, de paraître s'assoupir un peu, satisfaite, elle vole aussitôt avec éclat vers de nouvelles débauches de rotations, de reptations, les doigts rapides mais ne se pressant pas, appliqués mais tout en dilettante heureuse. La main, cet animal fouilleur de peau et de poils roule et se roule au coeur des crinières, y dépose ses marques, ses empreintes, parcelles de tendresse brute, mines sensuelles, creusé flou d'un itinéraire de songes.

A ne considérer que le tactile, que la source de ces sensations franches ou subtiles, à glisser ainsi la main sur les pentes des encolures, le cheval devient vite une île envoutante, le pays imaginaire d'une vaste respiration; le lieu où un ensemble de forêts denses ou de maquis s'étire vers le grand espace du dos, les grandes hauteurs des jambes, des horizons façonnés pour l'exploration et la découverte. Avec en filigrane l'expression d'un intime précieusement caché, juste là, sous la peau. Car il se trouve dans les profondeurs organiques des tissus palpitants un jeu de passe-passe où dansent une vie pleine et des germes de mort, où se côtoient dans la tendresse et la sauvagerie la gravité de la tombe et la puissance d'un ventre qui sait faire germer. La main appelle cela, laisse venir, recueille, les effleurements de la puissance, la force qui se musèle, la force qui s'ébroue, les gouttes de fragilité, le soyeux de l'affection. La main. Sa peau, momentanément unie à celle du cheval, signe dans la chaleur d'une fusion organique et primitive le retour à l'animal informe, vivace et sensuel des premières tentatives de la Création.

 

J'hésite à faire un pas en arrière. Un pas et cet édifice tactile s'effondrera. Un pas et se fragmentera la cohérence de cet univers. De fait, une fois accompli, des continents dérivent en masse devant mes yeux. Dans le miroir de la robe, les muscles frémissent, s'agitent, se déroulent, décontractés où bien semblent se garder l'un l'autre, immobiles, dans une complicité d'organisme franc et solide. Pour le paysage intimiste de la peau et du crin, ce recul provoque un chaos, une avalanche où s'engloutit la délicatesse de la surface pour une sortie en masse des profondeurs. La présence de la chair, sa masse musclée, fuselée, efface, s'impose, rejette la main, capture le regard. Des parties d'animal apparaissent, des fragments orchestrés sur un terrain où se déploie l'énergie franche, l'effort retenu, l'incarnation de la souplesse. Des ébauches de corps ondulent face à moi en ondes où résonnent mes coups d'œil. Je note cette vie galopante qui les anime. Un ventre ou une croupe, un col ou un dos, autant de pistes où glisser vers l'étrange de l'animal pur, les centres de la palpitation vivante. Ces images, ces éléments de corps sont les mouvements en puissance de sa légèreté gracieuse. La courbe d'un cou, le délié ruisselant d'une crinière, la suspension d'un sabot en attente ou l'élan qui affleure dans un pas, sont des résonnances bien vivantes d'un tout où se rassemble l'esprit fécond de la Terre. Bouts d'animal en transit d'images, je vous regarde et vous garde en tête, séparés, assemblés dans une vision créatrice où se retrouvent les hésitations millénaires des forces du vivant.

Un pas encore. Cette fois il est fait parallèlement au corps, en suivant la logique montante du cou. Mon regard, posé sur la piste douce du chanfrein, distingue l'œil, les naseaux, la bouche secouée par une mâchoire parfois un peu trop sur les dents. Je vois et il me voit, nous nous regardons, vision réciproque dans le miroir en rotation de l'œil. Quand la tête du cheval s'anime, elle le complète et le finit en quelque sorte, elle clôture le corps d'une image de caractère, parle de lui, le raconte. Une description du sous-jacent, de ce qui peut basculer rapidement vers le non visible, le non lisible, une vue de l'intérieur, sorte de tremblement sensible adressé au sensible. Je devine dans le penchant du cou, dans le relèvement de la tête, le clignement de l'oeil, la fibre émotionnelle qui s'agite sur son axe, un profond qui remonte, relâche son apnée. Je sens dans ces postures, dans ces jeux de corps qui se libèrent, la présence du curieux, du tendre, du rieur, du timide, du méfiant et du coléreux aussi. Chaque trait se tient là, en équilibre, dressé sur un bout de regard, une crispation de paupière, un frémissement de lèvre. Et tour à tour ils défilent, s'estompent ou s'intensifient, jusqu'à se bousculer parfois dans un chevauchement de mimiques discrètes qui résonnent comme autant d'indices du langage de l'hésitation ou de la certitude. Petit à petit s'établit entre mes yeux, son oeil, ses yeux cette cohorte de flux où hésite, tremble et se détend l'approche amicale, la montée de l'entente, la recherche poussée d'une rencontre, d'un contact, instant rare qui ponctue et rassemble la multitude de tentatives de nos gestes, un étonnement réciproque qui se prolonge dans un face à face constructeur.

Le cheval m'approche, me décrypte autant que je l'approche et le cerne de mots. Nous sommes, ensemble, un tout harmonieux qui se boucle sur lui-même, s'intensifie en prenant du volume, s'élève dans sa propre chaleur. Alors un pas encore. Il fait un pas. En arrière. Un souffle chaud court sur mon visage. Une respiration m'envahit, me chuchote de l'herbe verte, des appels infinis de parfums voyageurs, un horizon balayé de grandes courses toutes droites. Le discours animal joue et façonne, éclat après éclat, la lumière captée aux confins de son monde. Derrière mais aussi par dessus et autour des regards, chacun divague alors à l'instinct dans la nature de l'autre, chacun s'infiltre, se fond dans la nature de l'autre, chacun découvre pour se découvrir autre. Une complicité qui se tresse de cris unis aux hennissements, de sueur versée dans la sueur, des tensions jumelles de nos muscles coordonnés, de l'ébauche concertée d'un seul animal pour deux, fier et grandiose, élevé hors de la terre sans aide et sans aile. Je suis à demi cheval maintenant et je suis sûr qu'il se sent à moitié homme, liés dans une même créature par une union indéfectible, un tourbillon d'air libre tourné vers la joie et la fierté de se sentir profondément complices.

 

Equus, l'esprit de corps
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Equus l'esprit de corps (1)

1 Juin 2015 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Equus l'esprit de corps

La numérotation des articles présentant les photographies signifie simplement que l'ordre des images tient un rôle important dans la démarche suivie. Bonne visite...

St Jean de Védas, 01/2015.

St Jean de Védas, 01/2015.

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Equus l'esprit de corps (2)

20 Avril 2015 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Equus l'esprit de corps

Clapiers (Hérault), 11/2004.

Clapiers (Hérault), 11/2004.

Clapiers (Hérault), 02/1993.

Clapiers (Hérault), 02/1993.

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Equus, l'esprit de corps (3)

9 Avril 2015 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Equus l'esprit de corps

Le Crès (Hérault), 04/2004.

Le Crès (Hérault), 04/2004.

Montpellier, 06/1994.

Montpellier, 06/1994.

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