la deferlante des etangs
La déferlante des étangs
La série La déferlante des étangs est intégralement publiée sous forme de carnet 25x20cm, 52p, texte d'introduction, 20 photographies, chacune accompagnée d'un poème. Edition limitée, chaque ouvrage est numéroté.
Vous pouvez le commander en me contactant à l'adresse mail jlbec@orange.fr ou par les messageries de FaceBook (compte Jean-Louis Bec) ou d'Instagram (compte @becjeanlouis).
La déferlante des étangs
La mer, les étangs.
Des chemins à suivre, à vivre, les liens de l'eau, des marais, de la marée. Des chemins où les pas creusent, s'immergent, fouillent le sable et la vase, mon passé spongieux et les bulles de mes histoires.
L'écume, la brume, m'enveloppent d'un récit doucereux ou dissonant et amer, d'un brouillard nostalgique, de gouttelettes de rancoeur, amertume effeuillée dans la langueur des plantes et la respiration de l'eau. C'est un vivant aquatique au récit sinueux, aux ombres en submersion qui me traquent et m'attirent. Les langues de sable et d'herbe courte retournent ma mémoire en quelques mots humides et parfois corrosifs.
Ce lieu est un miroir, une vie, ma vie, diffuse, enroulée sur elle-même, le marécage de soi, bulles pesantes, parfois légères aussi, d'une légèreté qui finit par tout alourdir quand même, images mêlées sous la respiration hachée, plan d'ondes diverses, horizons multiples qui dévisagent ; de l'eau vivante comme extension d'un oeil.
Le paysage fredonne et murmure, dicte et s'impose.
(...)
Il n'y a pas vraiment de lointain dans ces étendues. Chaque point à la présence d'un tout bouclé sur lui-même qui fore, rumine, éclabousse d'une joie que je croyais éteinte ou libère l'acidité d'un poison fort. Chaque point est une pincée de sel aux senteurs de l'amour qui avive les rouges et inocule les noirs. Ce lieu possède la profondeur des sentiments lentement consumés, des cimetières jamais refermés. L'amour s'y dilue en prenant la force des grands heurts maritimes, ondule en reptile dans l'eau sombre, vorace, créature obscure aux éclairs déroutants d'élan et de désir de chaleur. Ombre de lui-même, il rampe en moi avec la vigueur osseuse d'un fantôme.
(...)
(...)
La déferlante des étangs
grand champ des gestes élargis
la poussée du soir
dans la tension des courbes
ce ventre chaud des bêtes enfouies
songes mêlés des racines et du temps
frange écumante
du point ultime de l'amour
ce chant tendu entre les êtres
des terres ruisselantes
aux nudités premières
la vie comme la mort
crient ce que nous sommes encore
La déferlante des étangs
à contre courant de la langueur étendue des étangs
des détours singuliers nous raccrochent le coeur
soufflent à nos lèvres le chemin épelé disséqué
des voix closes noyées
des lettres refermées
dans la béance des déchirements
sentiment centrifuge
sentinelle givrée
qui manque la marche
de l'amour sur sa route
La déferlante des étangs
à l'aplomb de notre paysage
s'étend la palpitation d'une rupture d'aile
de la chute croissante
la douleur solitaire éclot de ta fausse douceur
tu es la nuit qui me tend mon poids mort
l'inertie à mon front me dévoile la face
me dévoile ta face
et le regard se tord
se tourne sans se détourner
du chaos à vertige de toutes tes images