sept vies et quelques unes
Sept vies et quelques unes...
La série Sept vies et quelques unes appartient au quatrième groupe. Celui-ci aborde l'apparition et la nature de l'animal. Ainsi, toujours en jouant dans un premier temps sur la mise en avant des matières et des structures, se crée une dérive qui aboutit dans certains cas à la description d'attitudes révélant leurs émotions. La série Sept vies et quelques unes traite des réactions émotionnelles du chat.
Pour avoir une vision complète de la démarche suivie dans ce blog, se référer à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.
Sept vies et quelques unes (extraits du texte et de la série photographique)
La douceur peut-être... les flux du pelage, la rondeur lisse du crâne, la fragilité suspendue qui pousse son corps en avant. La démarche légère qu'anime un regard bienveillant, une attention confiante, sereine... La douceur fut la première que je rencontrai. Une vibration sensorielle à chaleur de soleil, généreuse et complice, un appel de main quand la main s'ouvre seule, laisse couler ses effleurements et se ressource de calme.
La douceur, le sommeil, lové dans ses paupières closes, bercé d'instants allogés. Car il y eut le sommeil aussi, vaste, un jardin comme le ciel, une étendue porteuse de flottements, d'images voyageuses, leurs fibres démêlées, recomposées soudain. Liberté tissée sans entrave de quelques reflets d'oeil. Un nid d'où s'élever.
Et aussi le réveil, ses clignements de masque, l'étirement naissant dans un ancrage au sol. Un déroulement de lenteur ferme, une hauteur légère de bout de patte. Le réveil et son abondance de roulements d'orbites, de balancements soyeux. Un clignement, deux, l'appel dans un glissement d'yeux, un espace qui s'ouvre, une page habitée de germes de caresses, l'univers languide et essentiel des algues balancées et leur souffle amoureux. Le réveil et sa puissance, son appétit lumineux, ses blancheurs de nuit à venir.
Et puis encore, cet instant où tout se retourne et se pend aux crocs, à la balade des griffes. L'horizon, ligne de mire d'un regard viseur, avec ses craquements sinistres embusqués dans le coeur des forêts, une haleine meurtrière, un saut qui se referme pour se parer de mort, un élan décidé qui foule la pitié, une fusion mortelle au cri très primitif. La nuit, sombre chasseresse et faim au long couteau.
Cette noirceur aussi parfois au-delà du pelage, regard sans âge, fièvre d'un grand secret, rythme d'athanor et de langue obscure. Un doigt de pensée, une poussière sacrée, une lumière savante, et tournent les murmures du bien comme du mal, s'arrachent des symboles aux racines profondes. Des ailes et leur magie parlent d'étoiles vives, un soleil se roule dans le noir, et aux multiples portes, frappe un univers qui recommence tout.
De loin, de près, je le contemple et le rejoins. L'animal sur son socle mystique coule dans mes veines, chant primitif, sursaut des fibres anciennes. Le cerveau se ferme d'une bulle sauvage, mémoire de sang, de gîte, de grands espaces vibrants. Un pouvoir distille ce présent, se roule sous ma peau, muscle saillant d'un esprit de vivant. Je le sens et le souhaite, l'accueille puis le garde, fibre d'un bonheur primordial. Je suis et le serai encore, cet animal haut dressé par la terre, ce souffle de premier être, cette juste force féline qui fait vivre avec âme sans éviter la mort.
Sept vies et quelques unes (2)
je recueille l'amande
de ces douceurs légères
le noir s'est écarté
d'une lenteur sans plis
le corps porte en lui une peau où aller
un calme étendu qu'un flottement maintient
une caresse s'ouvre
une autre tend sa main
attachement certain où vivent les images
d'une ronde lumière
à brillance d'un oeil
dans un geste ébauché
la plastique sensible
d'un corps déployé
il mûrit comme le sable
poudre
innocente la nuit
il mûrit comme les ailes
s'ouvrent
portent la fin des gestes
il mûrit comme la griffe
laisse
se couvre de fragile
il mûrit comme l'oeil calme
luit
et abandonne aussi
le sommeil
le sommeil
magnifique soleil des poses lentes
étirées à grands traits
Sept vies et quelques unes (3)
l'eau
de vie arrondit peu à peu ses prunelles
la tête tourne la tête
les yeux cernés aux créneaux
redemandent le rêve
la chaleur d'un murmure d'images
porté seul
en étrange fenêtre
une lumière douce improvise
une reposée de blanc
un roulement de paupière
sur un seul et même ton
noir taillé d'une douceur
de lame terrestre
comment visiter ton oeil
vibrant aussi sous nos paupières
Sept vies et quelques unes (4)
une masse de patience
fond en lumière lasse
un instant chute là
et casse son présent
l'ennui ne ternit plus la nuit
que piaffe le jour à tirade d'oiseau
au fond de chaque organe
le jeu s'aiguise de liberté