humeurs geogaphiques
Humeurs géographiques
Le repos
la lenteur colle au corps et plombe la parole
langue baveuse qui rampe maladroitement sur son fil
partout la somnolence cogne à grands coups de rayons
coule du fondu dans les artères ouvertes
univers amoindri aux membres étirés
vibrations ténues de la vie assagie
un mouvement s'échappe et s'écroule en sable
un autre suspendu susurre l'immobile
le cap de l'hypnotique est un applat de brume
sous la ligne de flottaison il a de douces saveurs
on navigue sans vue tout entier à sa peau
dissout mais resserré dans l'abandon confiant
Humeurs géographiques
Le désir
un point d'incandescence a rejoint la limite
dans son aube le corps nourrit la fête rouge
l'organique hennit et court de pointe en pointe
le temps aiguillonné tressaute à ses côtés
il va
son feu se contorsionne
aucune surface n'est assez lisse
aucune forêt assez dense
aucun relief assez haut ou profond
il passe
sème derrière lui
des reliefs rabotés soupirant sous leur cendre
des volutes enfumées à la lucidité perdue
des chemins retournés que l'on reconnaît plus
il va
l'appétit aux entrailles
dévalant ambitieux jusqu'à son non retour
car le désir s'égratigne se projette en éclats
le museau bientôt pris savamment ficelé
par un sommeil trop lourd
de rêves inachevés
Humeurs géographiques
La colère
une attente pétrit un "non"
et il s'avance nageant dans son poison
il est la mèche sensible du coeur tempête
du corps avide de grands traits de noirceur
de masses coupantes à l'inertie tapageuse
système centrifuge concentré d'étincelles
ses ellipses amputées filent vers le basculement
le non-retour et l'appel soudain à densité de vertige
du noir muté en rouge
d'un sang aveugle et sourd cruellement durci en lames
il perce fend
parfois aussi se perce se fend
les poumons explosifs crachent du volcanique
le corps pressé écartelé
jette répand autour ses déchirures enflammées
boue brûle s'enivre de toxique
chute enfin lancé par dessus bord
toutes trajectoires pâlies et déjà filées par le froid
petite mort alors souvent non sans remord
Humeurs géographiques
L'espoir
au delà c'est au delà
le crâne clos arcbouté sur ses secrets
les yeux fermés gardent la pupille ardente
je ne reconnais que le temps aux multiples parcelles
il tressaute dans mes mains en cherchant une issue
le serrer contre moi alors le serrer le garder
que ses pulsations filent nerveusement jusqu'au plus fin des os
qu'il envahisse tout et m'isole en ses vagues
pour que tendu mais ancré jusqu'au sol le plus net
il souffle et me dise à souhait la valeur de l'attente
le point enfin proche de l'objectif
qu'il délivre et module aussi l'action future et essentielle
la réelle incontournable
pour qu'enfin enfin l'espoir
ce tremblement au sublime envahissant
cette envie empressée à la chaleur tournante
éclate au grand jour dans un remue ménage
un écartèlement irrépressible et fatal
pour le sombre et ses projections sans issue
Humeurs géographiques
La mortalité
le chaos frémit les organes en éveil
les mains crispées je me fouille attentif
pensant retenir l'être
mais le corps en déroute trace seul ses chemins
va de chute en chute mordu par les glissades
ventre magmatique aux reliefs démembrés
minéral plombé de l'arbre thoracique
tous suent sang et eau
tous crient à qui peut entendre
le noir de l'effondré
le blanc du métal lourd de la chair consumée
la vie file en ravines profondes à l'appel de sa source
sème en se perdant toutes ses pierres osseuses
poreuses d'amnésie dans des vapeurs d'oubli