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Ligne directe (7)

2 Janvier 2019 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Ligne directe

Maguelone (Hérault), 11/2018.

Maguelone (Hérault), 11/2018.

Ligne directe (7)

Ligne directe

 

Etendues sableuses, étangs, lagunes, plages de cailloux, les espaces naviguent côte à côte en houles tranquilles. Fragile cohésion du sable, densité évaporée de l'eau, va et vient langoureux du vent parmi les plantes aux tiges crissantes. La mer, sa puissance tassée dans l'attente solide, son sommeil de surface luisante; la mer au souffle long de fouisseuse, toujours à moitié nue dans le sable et le sel. Les ciels eux s'écoulent lentement et déversent le silence.

Sur une piste étroite le cœur attend l'effort, la respiration vive. Une ligne dure court à mes côtés. Une ligne de fer, barbelés où mes regards s'accrochent, se détachent, reviennent. Une ligne où les pensées se nouent, se serrent, se blessent sans souffrir vraiment, où elles se font peur, de ces peurs de métal aux incisions aussitôt couturées aussitôt ré-ouvertes. Une sorte de sang goutte là en absence de rouge. C'est un tumulte, un bruit où se mêlent les songes de liberté et la peine de vivre, la lourdeur du corps nourri de la Terre et son noyau de fer. Un brouillard de bleu et gris dilués en est le centre, nébuleuse nerveuse secrétant ses barbules, ses révoltes, ses effondrements. Le fer est une continuité qui traverse, transperce, appelle les lignes du dedans, celles de métal et de chair fragile. Il  a la puissance de lier, de tenir, de durcir et de stimuler, d'atteindre parfois aussi la profondeur des blessures qui ne guérissent pas, de se calfeutrer dans les douleurs dormantes.

(...)

 

Courir permet de rattraper au vol quelques instants sereins plus  palpitants que d'autres. Le fil peut être chaud quand on ne cherche pas à le battre. Alors laisser avec confiance les barbules égrener les espaces, courir sur la longueur de ce bastingage souple pour que les mondes s'emmêlent, que la terre se disloque en longues vagues vertes, que la mer soit peau vibrante de tambour et les plantes les signatures bourgeonnantes de l'animal. Courir pour tout perdre et rattraper un peu, puiser dans la mémoire à pleines poignées et lancer par-dessus tout le lourd et le léger, choisir, jeter les anneaux mal fermés et les crocs à venin, les plaies qui marchent seules, les mots de silex et tout le tranchant possible.  Garder pour s'en nourrir les nids douillets et les gouttes d'eau tiède, le parfum du soleil et la folie amoureuse quand elle est vraiment folle et lovée sur sa source.

Courir le sable en avant, les grains pendus au temps pour en lécher la moelle et sa vitesse chatouilleuse; pour le vertige des grandes traversées et des choses entrevues, pour les apparitions que le sang propulse devant les yeux, pour mon être profond et tout ce qui ne lui appartient pas. Pour la chevauchée des images étirées, le flou qui se roule à terre, le net vide du ciel. Pour la distorsion des avenirs trop lisses, la recherche du rire et le savoir de la mort. Courir et avaler l'espace d'un instant, le temps gorgé d'espace, la mer liée à sa sœur symétrique, la grande imaginée, la grande ventrue des gestations rêveuses. Courir le long du fer, de borne en borne, dans le rejet des clous qui nous pointent au sol, dans le fluide des forces qui aiment et se nouent. Pour moi et tous ceux que j'aime, pour la Terre et la vivacité de la mer, pour tous les autres et toutes les créatures. Le long d'un barbelé parallèle à la mer, le voyage ne fait que commencer.

 

Ligne directe (7)
Ligne directe (7)
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Actualité

21 Décembre 2018 , Rédigé par jean-louis bec

"Photomontage", recueil de sept nouvelles mêlant angoisse et photographie paraît le 21 décembre... Suivre le lien ci-dessous pour accéder au site de IS Edition, avoir un aperçu de l'ouvrage, en découvrir un extrait et le commander. Merci et bonne lecture...

 

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Horizons embarqués

19 Décembre 2018 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Horizons embarqués

La série Horizons embarqués appartient au sixième groupe. Celui-ci aborde le contact qu'établit le citadin avec la Nature. On peut parler ici de recherche d'infini, de volonté de se soustraire à un environnement urbain parfois oppressant, de se plonger dans un onirisme ou une méditation encouragées par la solitude. 

Pour plus de détails sur la démarche suivie dans ce blog, se reporter à la rubrique Démarche dans la colonne de droite.

 

Horizons embarqués (extraits du texte et de la série photographique)

 

Le bateau coeur, la mer poumon à l'oxygène bleu... Un pont les relie, les lie, s'applique au léger balancement de la respiration. Le bateau, la mer,  mon sang sur le qui-vive aussi, concentré sur le rouge le plus pur. Un sang qui souhaite serrer, se serrer contre tout ce qu'il voit, ressent, qui perçoit dans l'horizon la  fusion et le fondu de lignes multiples, d'horizons multiples. Cet ensemble là, je voudrais le saisir à pleine main, le découvrir, le tenir tel un bouquet sur le point de fleurir, en inhaler la moindre particule de mer. Je voudrais le secouer, le dénouer, le faire parler jusqu'à l'enivrement du voyage. Pour avoir en tête et dans chaque globule cette image claire et complexe, cette vision certaine que chacun de nous est un noeud de lignes qui se croisent, un point de convergence qui flotte sur les mers de chaque côté de notre peau. Et des lignes, il en est un nombre incalculable qui se coupent et se recoupent, s'évitent ou se confondent. Géométrie première, définition des points et contrepoints de l'être, construction des plans et des figures qui s'enchaînent les une aux autres, qui bâtissent, se bâtissent.

Je rejoins cet espace bleuté où l'esprit se jette à l'eau, se mire sans s'admirer...

 

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Horizons embarqués

18 Décembre 2018 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Horizons embarqués

Mer d'Irlande, 08/2017.

Mer d'Irlande, 08/2017.

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Horizons embarqués

18 Décembre 2018 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Horizons embarqués

Horizons embarqués
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